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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 14:49

On devrait toujours se méfier de l’unanimité.

 

N’oublions pas que le fascisme prend ses sources dans le mouvement exalté d’un pays qui, tel un seul homme, s’emballe pour regagner une puissance perdue, un honneur perdu. Ce qui semble bafoué, ici, c’est la liberté d’expression. Tous ensemble, nous allons combattre les ennemis de la liberté…

 

Comme il est facile, aujourd’hui, de faire de la liberté d’expression la valeur fondamentale de nos démocraties, comme il est de bon ton de s’en faire le héraut et le garant, celui qui ne cèdera rien face à la menace de ceux qui veulent nous faire taire. On sait pourtant qu’en France et en Belgique, cette valeur suprême est mise à mal depuis des années…

 

Point besoin d’entrer dans les détails, les affaires portent des noms aussi variés que Zemmour, Dieudonné, Siné, etc. A chaque fois un contexte différent, des « dérapages » différents, et des sanctions différentes. Entrer dans le jeu d’une limitation de la liberté d’expression a conduit à une impasse théorique, juridique et sociale. Qui peut-on blasphémer ? dans quelle condition ? etc. Dans ce jeu alambiqué, certains ont l’impression que les dés sont pipés, qu’ils seront toujours perdants.

 

Tout le monde se sent bafoué, attaqué, blasphémé, certains sont interdits, d’autres portés aux nues. Sans qu’aucune cohérence ne soit établie pour la pensée. La confusion règne. Et, sans aller jusqu’à dire que cela crée le climat général dans lequel nous vivons, cela y contribue grandement. La guerre civile tant appelée par Zemmour semble être bien là.

 

Mais allons plus loin. Cette attaque dans les bureaux de Charlie Hebdo mérite qu’on s’y penche plus avant. Ce n’est pas une attaque contre la liberté d’expression : c’est un acte de guerre.

 

Penser que cette attaque n’est qu’une attaque envers une valeur démocratique, envers la liberté d’expression, c’est avaler tout cru et faire sien le mode de pensée éprouvé par G. W. Bush en son temps. C’est permettre l’idée qu’il y a un axe des gentils, plein de bonnes valeurs démocratiques, et axe des méchants, qui ne vivent que pour les détruire. C'est le complot d’une entité globale, barbue, et ennemie viscérale de tout ce qui est gentil.

Même les mauvais films essaient de donner une profondeur psychologique, ou du moins un contexte, à l’apparition des méchants.

 

Cette attaque n’est pas une manière de nous dire « ne caricaturez plus Mahomet, et vous n’aurez plus d’attentat ». Imaginez un peu. Il suffirait d’arrêter de dessiner et la paix s’installerait sur le globe ?

Non. Elle nous dit « la guerre est ici, en France, et plus uniquement « là-bas » ».

Il s’agit bien d’un acte de guerre. Cela paraît évident. Si ce n’était qu’un attentat contre la liberté d’expression, pourquoi être à présent vigilant quant à la suite des événements ? Pourquoi penser que d’autres attentats pourraient survenir ?

 

            L’attaque de Charlie Hebdo était certes à l’ordre du jour des différents groupes radicaux (Al Nosra, EI, Aqpa, etc.), et les caricatures de 2005 en sont certainement la raison de départ, mais ce n’est pas le but en soi. Il s’agit plutôt de montrer à la France que la guerre, à laquelle elle participe, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, mais récemment en Lybie, au Mali, et un peu plus longtemps en Algérie, n’est pas terminée. Et le pire dans tout ça, c’est que des guerres pareilles, telles que nous les menons, ne peuvent pas prendre fin.

 

Tant que nous ne prendrons pas ce recul, nous ferons que suivre, bêtement, les aléas des événements, les ordres des gouvernements, des bons apôtres qui nous disent qui sont les méchants, et qui sont les gentils, qui ne prennent aucun problème à la source, qui ne font que répondre …

 

L’emballement sécuritaire n’a fait – et ne fera – qu’exacerber le sentiment chez ces terroristes – en acte ou en puissance – qu’ils représentent une vraie menace pour la France et l’Occident, et in fine les renforce.

Ensuite, lorsqu’un Etat prend la décision de partir en guerre, ceux qui en pâtissent vraiment devraient avoir leur mot à dire. Avant d’envoyer des hommes au front, prévenir la population : « Nous savons qu’il y a des risques, êtes-vous d’accord pour les prendre ? ». Je pense qu’il y aurait, d’un coup, moins d’interventionnistes …

Enfin, comment expliquer le nombre de départ pour l’Irak et la Syrie ? Ces jeunes qui partent se battre, pourquoi le font-ils ?

 

Tant que nous ne prenons pas ces questions a bras le corps, nous resterons démunis, manipulables, et victimes.

 

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