Parce que demain, y a manif.

Parce que demain, y a manif.

Chouette ! On a l’expérience des manifs ! On s’y amuse bien, on chante, on boit, on se bastonne. On se sent bien, droits dans nos bottes, on assume notre point de vue, on est libres, vivants, anticapitalistes. Nous savons aussi que nous le faisons pour une raison sérieuse, on se sent proche du peuple, loin des riches, des salauds, des exploiteurs, des oppresseurs, de mon patron, des connards, de mon beau-frère. Eux, ils ne manifestent pas. Ou alors quand ils ont peur des arabes et des homos.

Malheureusement, nous savons aussi à quel point les manifestations bien gérées, prévues de longues dates, encadrées par tout un cortège de policiers bienveillants, et dont le tracé semble correspondre à quelques détails près au parcours de la gay-pride, de la zinneke parade, de n’importe quelle ribanbelle de touristes chinois, du 95, de la ligne 2, euh, 5 ? 6 ? 6bis ?, … nous savons donc à quel point cela va changer les choses. On va montrer qu’on est pas content, parce que montrer, c’est (oh combien !) important de nos jours …

Mais il n’y a pas que ça. Il n’y a pas que la quasi inutilité des manifestations – qui doivent se passer sans débordement. Nous pouvons aussi nous demander pourquoi se battre, ou se faire taper dessus ?

Pour avoir un salaire décent ? – et donc supplier d’être exploité de manière correcte et équitable. Parce que si on vend notre temps, notre santé, notre temps libre, etc., à la création de valeur marchande, on veut être payé, et bien payé ! Vivre la parfaite petite vie bourgeoise – ce qu’on déteste quand on n’a pas d’argent mais qu’on veut à tout prix.

Pour pendre les spéculateurs ? Quel magnifique slogan que ce « nous, les 99% ». Abattons ces 1%, brûlons-les ! Qu’il est bon de se constituer une majorité. Qu’il est commun de le faire en se tournant vers un petit ennemi bien précis sur lequel on peut cracher sa haine. Toute cette haine qu’on ne peut en réalité saisir qu’en la situant bien précisément contre quelque chose, quelqu’un. La crise ? C’est de leur faute ! Ca ne vous rappelle rien ? Vive la gauche en tout cas …

Le pire, c’est qu’alors qu’ils supplieront pour être exploités dignement, ils se feront taper dessus.

Demain, 21 février 2013, encore indignés de cons.

Thierry Baudson